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Paul Strand |
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Paul Strand est né à New-York le 16 octobre 1890 dans une famille originaire de Bohême (dans l'actuelle Tchéquie). Ses grands-parents sont arrivés de Bohême vers 1840. Son père, Jacob Stransky, a changé son nom en Strand peu de temps avant la naissance de Paul, son fils unique. Il tient une quincaillerie. Il passe dès lors la majeure partie de son temps libre à faire des photos avec la chambre 8x10" (20x25 cm) que lui prête son oncle de façon presque permanente et il est membre du Camera Club de New-York. La cotisation annuelle de 50 $ lui donne accès à une chambre noire et un studio de prise de vue pour le portrait, avantages considérables qui lui en font supporter « l'atmosphère stupide et en plein amateurisme. » Sa mère pense que photographe n'est pasune profession convenable pour quelqu'un qui veut réussir dans la vie, mais son père semble le comprendre dès le départ. «Mon père n'était pas un intellectuel, dira Strand, mais il a été immédiatement intéressé par ce qu'il a vu lorsque je l'ai emmené à la Photo-Secession Gallery, et il a développé une sensibilité extraordinaire pour les images. Il sentait que l'art était important.» Il n'est pas intéressé par des études supérieures, que par ailleurs sa famille aurait de grandes difficultés à financer, et il travaille comme employé de bureau dans l'entreprise familiale jusqu'à ce qu'elle soit rachetée par une autre compagnie. Bravant l'inquiétude et les fortes réticences de sa famille, il rassemble ses économies, environ 400 dollars, et part pour un voyage de 6 semaines en Europe, débutant à Naples et passant par Rome, Venise, Lucerne et Paris pour visiter les principaux musées et monuments et parcourant de longues distances à pied. À son retour il trouve un emploi, qu'il détestera, dans une compagnie d'assurances, qu'il quittera à fin de l'année 1911 pour s'installer comme photographe professionnel. [. . .] C'est en 1915 qu'il estime être devenu réellement un photographe. Il avait travaillésérieusement durant huit ans, et soudain il a ressenti qu'il avait franchi un nouveau pas et eût plus de confiance en la qualité de ses photos. Il en rassemble donc une sélection qu'il vasoumettre à Stieglitz. Ce dernier est impressionné, il appelle Edward Steichen qui se trouvait au fond de la galerie, et déclare à Strand qu'il peut dorénavant considérer le 291 comme sa maison. Pour le jeune Paul Strand, c'était comme se voir offrir le monde sur un plateau. En mars 1916, il expose pour la première fois chez Stieglitz et plusieurs de ses photos sont publiées au cours de l'année dans Camera Work. La revue paraîtra pour la dernière fois en 1917, pour des raisons financières, avec un numéro qui lui sera entièrement consacré. Dans son introduction, Stieglitz déclare que les photos de Strand sont dépourvues de tout artifice, de toute tentative de mystifier un public ignorant et les photographes eux-mêmes. «Ces photos, dit-il, sont l'expression directe du temps présent.» À 25 ans, Strand rejoint le groupe prestigieux des artistes du cercle de Stieglitz, Edward Steichen, Frank Eugene et Alvin Langdon Coburn, pour ne citer que les photographes. Stieglitz ne faisait aucune différence entre les différentes formes d'art et nombre de peintres le soutenaient dans ses efforts pour faire reconnaître la photographie comme art à part entière. [. . .] Incorporé à l'armée en 1918, il est envoyé à Rochester (Minnesota) pour suivre une formation Depuis 1915, depuis sa découverte d'un recueil du poète Edgar Lee Masters, Spoon River Anthology, il caresse le rêve de faire le portrait global d'un village dont les habitants raconteraient leur histoire individuelle, mais il n'arrive jamais à trouver le village idéal. Il fera dès lors plusieurs séjours au Nouveau Mexique et, en 1932, alors que son mariage bat de l'aile et que son épouse rentre à New-York, il part pour Mexico. Comme beaucoup d'intellectuels américains de gauche à cette époque, il est attiré par le Mexique et les suites de la révolution. Il a rencontré le compositeur Carlos Chávez chez Mabel Dodge Luhan l'année précédente, et ce dernier a insisté pour qu'il y vienne faire des photos. L'accueil de Chávez est particulièrement chaleureux et, en personnage influent qu'il est, il organise une exposition des oeuvres de Paul Strand dans un bâtiment du Ministère de l'Education et obtient pour lui et son neveu, Augustin Velásquez Chávez, la mission gouvernementale d'établir un rapport sur l'enseignement artistique dans les écoles rurales de l'État du Michoacán. [. . .] Strand était très enthousiaste devant les réformes sociales de la révolution mexicaine et les oeuvres de grands peintres muralistes Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco, aussi, quand Carlos Chávez lui propose de diriger un plan de 5 ans pour la réalisation de films qui refléteraient les préoccupations des Mexicains, il se met immédiatement au travail pour élaborer des propositions. Il est alors nommé directeur de la photographie et du cinéma au Département des Beaux-Arts du Ministère de l'Education. Strand, Chavez et le ministre sont d'accord sur le fait que les films doivent s'adresser d'abord aux dix-huit millions d'Indiens dont la plupart sont illettrés, et qu'ils doivent répondre aux plus hauts critères esthétiques, partant du principe que le meilleur de l'expression artistique parlerait au plus grand nombre. Le seul film qui sera réalisé est Redes, un semi documentaire-semi fiction, sur une grève de pêcheurs de Alvarado, près de Veracruz dans le Golfe du Mexique. Il n'y a qu'un seul acteur professionnel, tous les autres personnages sont incarnés par les pêcheurs d'Alvarado et leur famille. Le film fut réalisé sous la direction de Fred Zinneman, alors jeune directeur n'ayant encore aucun film à son actif, et tourné par Paul Strand avec sa camera Akeley. Il semble bien, toutefois, que Strand fut le véritable « patron » et la tension a très vite été vive entre les deux hommes, Zinneman reprochant à Strand de ne pas avoir « l'esprit cinéma », de ne pas saisir le mouvement et d'imposer un rythme trop lent au film. [. . .] À son retour il est invité à participer à un documentaire sur le Dust Bowl et durant dix ans il se consacrera principalement au cinéma documentaire sans pour autant abandonner complètement la photographie. Il fondera ainsi Frontier Films qui produira différents films documentaires jusqu'à sa disparition en 1942, dont Native Land, un film sur les violations des droits civiques aux Etats-Unis, dirigé, filmé et édité par Paul Strand et Leo Hurwitz. En 1936 il s'est remarié et c'est à l'occasion de son voyage de noces qu'il réalise une nouvelle série de paysages en Gaspésie. En 1945 le Musée d'Art moderne de New-York organise une rétrospective de son oeuvre, la première grande rétrospective du MOMA consacrée à un photographe. C'est durant la préparation de cette exposition que la directrice du département photographie, Nancy Newhall, fortement impressionnée par son travail, lui propose de réaliser en commun un livre sur la Nouvelle-Angleterre. Ils vont travailler de concert durant 5 ans à la préparation du livre Time in New-England, Strand parcourant le pays à la recherche d'images de nature, de gens et d'architecture qui soient représentatives de la tradition de la Nouvelle-Angleterre, et Nancy Newhall écumant la Bibliothèque publique de New-York à la recherches de textes représentatifs de cette région, berceau des États-Unis d'Amérique. Ils se rencontraient périodiquement et travaillaient à la mise en relation des images et des textes en des combinaisons souvent plus poétiques que rationnelles. Le livre paraît en 1950 et, quoique Strand ait été déçu par la qualité de la reproduction de ses photos, il a été séduit par la réalisation d'un livre dans lequel images et textes s'enrichissent mutuellement. Ce sera un grand tournant dans sa carrière. Au cours de ce travail en Nouvelle-Angleterre, il repense à son idée du portrait d'un village, non pas dans l'esprit de ce que faisaient alors les photojournalistes de Life et autres revues du moment, l'actualité ou l'élément événementiel ne l'intéressaient pas, il envisageait de rendre la nature même d'un village particulier où des gens particuliers vivent et travaillent. Mais il ne le trouve pas en Nouvelle-Angleterre, et le livre en préparation demande une attention de chaque instant. Après la parution de Time in New-England, il éprouve quelques doutes sur ce projet de livre sur un village américain. Il est perturbé par ce qui se passe alors en Amérique. Leo Hurwitz et nombre de ses anciens collègues sont sur liste noire, considérés comme de dangereux radicaux par l'industrie cinématographique et ont la plus grande peine à trouver du travail, et il commence à envisager un séjour en Europe quoiqu'il ne soit pas lui-même inquiété. « Le climat moral et intellectuel des Etats-Unis était tellement empoisonné par le maccarthysme que je ne voulais pas travailler dans un village américain à cette époque. Ce n'était pas un rejet de l'Amérique, c'était un rejet de ce qui se passait en Amérique en ce moment précis. J'eus donc l'idée de voyager, pour voir ce qui se passait ailleurs dans le monde. » Son second mariage s'est terminé par un nouveau divorce en 1949 et, au printemps 1950, il part pour la France avec Hazel Kingsbury, qu'il épousera en 1951, une photographe qui a travaillé pour la Croix-Rouge et a parcouru les zones de combats en Europe et en Extrême-Orient. Durant les premiers mois ils parcourent la France en long et en large à la recherche du village idéal, sans jamais le trouver, mais Strand réalise de nombreuses photos qui feront l'objet d'un livre publié en 1952, La France de profil, avec des textes de Claude Roy. En 1949 Paul Strand se rend à un festival de cinéma en Tchecoslovaquie, où Native Land se verra récompensé, puis en Italie, au festival du film de Perugia (Pérouse) où les cinéaste néo-réalistes italiens réfléchissent à l'évolution de leur art et à sa diffusion au-delà des frontières nationales. C'est là qu'il rencontre Cesare Zavattini avec qui il évoque son projet du portrait global d'un village. Trois ans plus tard, Zavattini sera son guide en Italie et lui fera connaître son village natal, Luzzara, sur le Pô, où il réalisera enfin son vieux rêve. Le livre paraîtra en 1955 en Italie sous le titre Un Paese, avec des textes de Cesare Zavattini. En 1954 il a séjourné 3 mois sur l'île de South Uist (Hébrides Extérieures) pour des prises devues qui donneront le livre Tir a'Murhain, Outer Hebrides (paru en 1962) avec 106 photos et des textes de Basil Davidson. D'autres livres suivront, Living Egypt (paru en 1969), dans lequel il rend compte de l'évolution de la société égyptienne, des grands travaux et de l'industrialisation mais, comme dans ses autres ouvrages, de la vie quotidienne plutôt que des grandes attractions touristiques. Comme on ne trouvera ni Versailles ni le Mont Saint Michel dans La France de profil, on ne trouvera pas les Au début de leur séjour en France, les Strand vivent à Paris, à l'hôtel puis dans un appartement au cinquième étage sans ascenseur du 13e arrondissement, puis en 1955 ils cherchent une maison dans les environs. Ils n'ont pas décidé réellement de vivre définitivement en France, c'est principalement pour pouvoir disposer enfin d'une chambre noire, et d'un peu plus d'espace, qu'ils achètent une maison dans le petit village d'Orgeval, à une trentaine de kilomètres de Paris. À bientôt 65 ans, une chambre noire bricolée dans une salle de bains lui semble désormais un handicap à éviter. Ils pensent pouvoir la revendre facilement quand ils envisageront de retourner aux États-Unis. Orgeval sera dès lors leur port d'attache, où ils rentreront après leurs nombreux voyages, où ils recevront des amis et des visiteurs, dont de nombreux jeunes photographes américains avec qui Strand aimait s'entretenir. En 1965, en signe de protestation contre la guerre du Vietnam, il avait refusé publiquement par une lettre dans le Times une invitation à un déjeuner à la Maison Blanche ... (lire la suite de la biographie et les commentaires sur l'oeuvre de Paul Strand sur le PDF, 8 pages, 29 illustrations.) |
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